Durant mes études d'Arts plastiques et sciences de l'art, en 2009-2010, j'ai travaillé sur le thème du reflet, sous toutes ses formes. Après avoir exploré toutes les matières à ma disposition, crée des mondes parallèles dans les flaques d'eau, des trompe-l'oeil de rideaux dans les fenêtres de Paris et figé les sols scintillants du petit matin, j'ai cherché un moyen de photographier le reflet humain.
Je voulais, dans l'absolu, photographier « l’âme ». Passer au delà de l'apparence physique et chercher derrière. Le regard étant considéré comme le miroir de l'âme, j'ai cherché comment le capturer.
Le miroir sans tain m'est apparu comme une évidence. Expérimenter l'expression « pouvoir se regarder en face ».
J'ai fabriqué un petit miroir, testé le procédé avec un autoportrait et photographié 29 autres personnes de mon entourage, dans un premier temps, pour mon rendu universitaire.

Le déroulement est le suivant :

Le sujet tient le miroir de ses mains, car il est important pour moi que chacun participe à l'expérience et que la personne ne subisse pas la photo, mais qu'elle me donne son image. En tenant le miroir elle peut à tout moment interrompre l'expérience. J'attends sous un drap noir, derrière le miroir, que la personne oublie ma présence, qu’elle soit captivée par son propre regard. Je ne déclenche qu'une seule fois, car une fois qu'elle a entendu le son de l'appareil photo, la personne se ressaisit, se souvenant que je suis de l'autre côté.

J'ai réalisé que ce que je captais à travers ce miroir était précieux, inédit. Le regard que je photographie ne m'est pas destiné, ce regard est pour eux. Plus aucun jugement physique, ni utilité pratique du miroir. Perdu dans leur regard, presque en hypnose, ils me donnent le regard qu'ils posent sur leur âme, ou leurs insécurités, leurs doutes.

Depuis, j'installe régulièrement mon atelier et photographie les volontaires, celles et ceux qui sont curieux de tenter l'expérience.


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